Dimanche, 7h28, retour de tournage nocturne, je m’arrête sur le Pont Neuf sans avoir vu le rouge des feux de la rue de Rennes. Près de la statue équestre d’Henri IV, un homme sans âge, les mains dans les poches d’une parka à la Houellebecq. Il ne fait aucun mouvement. Je ne sais s’il contemple la Rive Gauche ou s’il reste bloqué sur une bouteille vide de Merlot « Petites Récoltes » et une Heineken de 25cl, vestiges de la soirée des autres. De l’autre côté, d’insolents balcons protégent des fenêtres bardées de rideaux bouffants. Une lumière artificielle et dorée passe à travers les ouvertures de ces lourdes étoffes. After chic ou breakfast privilégié ? « Paris est minéral, c’est là sa beauté » disait un jour un architecte à mon frère. Que faire ? La louer en prolongeant ma nuit blanche avec le jus noir d’un zinc ou d’un palace ? J’opte finalement pour une sieste avant une séance de photo. À dix heure, j’aurais un gâteau à acheter… La Conjuration a presque trois ans et prend part à un beau projet dont vous saurez bientôt davantage !
La gueule de bois s’apparente aux guerres civiles. Le mal n’est dû qu’à vous-même. L’œuf est pourri. Que faire ? Écouter les Guns et continuer à vivre tant bien que mal. Ou shooter la colombe, remettre ça.
« Je vois New York comme une page blanche avec des lignes où chacun peut inscrire son expérience. C’est une ville qui vous rend très conscient d’y vivre. Même les numéros se chargent de mémoire. » dit Michel Gondry à Marc Lambron dans son Carnet de bal (3). Puis il ajoute, à propos du Lit, le bar favori de votre serviteur il fut un temps : « C’est le vernis du temps qui donne un supplément de valeur aux choses. On ne sait que rétrospectivement quelle partie du passé va devenir légende. ». J'avais le coeur qui battait, ce matin, en découvrant ça...
Il n’est de plus affreuse banalité que de se plaindre de Paris en août, mais que voulez-vous, c’est aussi ordinaire que de partir en vacances à cette période de l’année. Lorsque je me plains de Paris, je ne rêve pas de changer la ville, mais de partir à New York. Je pourrais filer ailleurs, découvrir l’Italie ou l’Asie, mais le rêve américain entre dans les limites de mon imagination : je ne désire véritablement que ce que je connais. Mes habitudes new-yorkaises sont constituées de deux activités parallèles : diurne, avec le skateboard, nocturne, avec mes pérégrinations en compagnie d’Adrien Wend. Ce dernier vient de quitter Paris et délocalise le Tigre chez Madame Wong's. Malheureusement, je n’y serais pas samedi soir, contraint de rester dans une ville qui dort d’un sommeil de cent ans ; la belle aurait pu avoir la politesse de laisser traîner ses charmes pour occuper le quidam éveillé.
Thrasher vient seulement de sortir les vidéos de ses trente ans à la Gaîté Lyrique, je suis donc excusé de ne publier ma chronique (condensée) que maintenant. Début de soirée, les stars ont quitté la rampe, mais c’est le défilé : Andrew Reynolds, Tony Trujillo, Dustin Dollin, Kevin « Spanky » Long, Stefan Janoski, Grant Taylor, Wieger, Neckface, Beagle(onism), Atiba… Jake Phelps, le rédac chef, nous sort une poubelle remplie de bières fraîches et nous trinquons sous l’œil ombrageux du vigile. Casquette Shake Junt vissée sur le crâne, je suis abordé en anglais par une femme d’une cinquantaine d’années qui me demande si elle peut me prendre en photo. Je pose et nous discutons. D’où vient-elle ? D’Arizona. Mais pourquoi ? Son fils est Shane Heyl de The Goat et, accessoirement, le créateur de mon couvre chef… C’est la première fois qu’il vient en Europe, ça promet ! En me dirigeant vers la salle de concert, je tombe sur Patrick O’Dell, mais n’ai pas la moindre idée de ce que j’ai pu lui raconter. Pourtant, j’en ai pissé des lignes sur son compte… À l’intérieur, The Goat a commencé. Le pogo également. Collé à la scène, nous hurlons, tapons les enceintes, piquons les bières qu’abandonne le groupe. Luh Dat Shit ! Bad Shit, déchaînéS. Un « S » qui met le groupe et le public dans le même bain. Neckface pointe un aérosol vers la flamme d’un briquet et manque de brûler la batteuse qui explose une canette sur son instrument. Fin du set, tout le monde quitte la salle pour se rafraîchir avant Dinosaur Jr. Le vigile tourne le dos, Grég et moi escaladons la scène et filons en backstages. Nous buvons des bouchons de whisky avec Spanky, discutons avec Shane et Beagle, tandis qu’une groupie détourne Dollin et que Neckface hésité entre deux laiderons. The Boss est extra-terrestre. Il ne parle à personne et fait penser à ces gamins propulsés dans un monde de grands, qui n’y trouvent pas leur place et se raccrochent à la seule chose qu’ils comprennent : leur planche. Une autre soirée nous éloigne de l’after. Triple shake (Junt) pour dire au revoir (deux fois avec le plat de la main et la troisième avec le poing fermé) et en avant les souvenirs ! Le lendemain, mon pote Elvis qualifiait la soirée de « retour à la jeunesse éternelle ». Je lui emprunte sa tirade et appuie sur « publier ».
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