« Il n'y a qu'une chose dans les arts qu'on puisse comparer aux produits culinaires : ce sont les produits du journalisme ; et encore un ragoût peut se réchauffer, une terrine de foie gras peut exister un mois entier, un jambon peut revoir autour de lui ses admirateurs, mais un article de journal n'a pas de lendemain ; on n'en est pas à la fin qu'on a oublié le commencement, et, quand on l'a parcouru, on le jette sur son bureau, comme on jette sa serviette sur la table quand on a dîné. Ainsi, je ne comprends pas comment l'homme qui a une valeur littéraire consent à perdre son talent dans les obscurs travaux du journalisme ; comment lui, qui peut écrire sur du parchemin, se résout à griffonner sur le papier brouillard d'un journal ; certes, ce ne doit pas être pour lui un petit crève-cœur quand il voit les feuillets où il a mis sa pensée tomber sans bruit avec ces mille feuilles que l'arbre immense de la presse secoue chaque jour de ses branches.»
Claude Tillier, Mon oncle Benjamin, (et un titre de Nietzsche)
Par Foucauld
(Photo : Mary Ellen Mark)
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